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 or, je t'ai vue - jules

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MessageSujet: or, je t'ai vue - jules   or, je t'ai vue - jules EmptyDim 24 Juin - 20:34


or, je t'ai vue
paumes dorées → il subit. il gémit. vêtu de faste, vêtu d'or. or il est attraction, désir et fantasme. en une nuit, il attirer les pupilles. enfant doré, menotté à la foule, menotté au vacarme. bête douce qui gronde, annonce l'orage. pourtant il a chaud, pourtant il rayonne, tâtonne entre les corps. des mains qui se lovent dans milles creux de sa peau, à moitié ensoleillée. torse doré, la peinture n'est qu'un reflet,  qu'une pâle copie de l'étoile qu'il sème à chaque pas.
tricoter sur le parquet,
coudre une courbe
découdre les coudes
il s'était plié en quatre, cassé en deux, pour la beauté du geste, pour les yeux en reste d'un miracle. sûrement un peu pour lui aussi. à la recherche de l'éclat parfait. étincelle rêvée, incendie hypnotique.

margot pourquoi tu frémis?
c'est désagréable les jeunes filles qui te sourient?
t'aimes pas qu'elles ne voient que toi?
et les gars qui te dévisagent avec insistance, t'aime pas non plus?
c'est fini margot.
t'as plongé dans la marre
l'opéra est trop loin,
faut nager maintenant
sans se faire croquer
sans mordre trop fort.


ça parle fort, ça se tord entre les lumières. pas de danses d'après spectacle. une verre après l'impact. mais il simule, feint l'allégresse au milieu des caresses, au milieu des milles yeux qui appellent à la fête.

fin
statique
fils de l'orage
or
rage
l'orage amène la tempête
la tempête à les cheveux courts et les yeux mouillées. souillés par le temps et l'orage. tempête boiteuse, tempête furieuse. elle pensait pouvoir défier l'orage. il pensait survivre à la tempête.
alors quand il la voit paraître sous les spots colorés, il gronde. quand il la voit, il se rappelle du silence terrible de l'opéra et des yeux océans. des pas de danses tremblants.

elle est loin,
elle ignore
encore
elle picole
encore
elle oublie
peut-être
mais pas lui

pourtant on lui a tendu milles verres et milles mains. mais il cherche pas l'euphorie, il cherche pas l'oubli façon éthanol. il enflamme ses passions tout seul. une clope qui traîne. un briquet qui fout l'incendie.
jules elle fout le feu, dans un coin de la pièce, elle se perd en souplesse. trop près, trop mal. elle charme, elle titube. elle vole bas.
altitude
attitude
t'es pas belle jules
quand tu te déhanches
quand t'es sans tes ballerines
t'es pas belle quand tu mens


or
l'orage frappe
peint d'or son bras agité
interférence sur l'océan
pas de fréquence pendant la tempête
- jules mais qu'est-ce que tu fous.
c'est même pas une question. pluie acide. observateur d'une chute libre pourtant il coule aussi. il a encore la pierre attachée au pied.
alors il colorie tout, avec son feutre doré pour la rendre plus terne. pour moins voir ses couleurs.

je voulais simplement danser,
or, je t'ai vue.
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MessageSujet: Re: or, je t'ai vue - jules   or, je t'ai vue - jules EmptyDim 24 Juin - 21:57


or, je t'ai vu

vice et vertu → elle a les idées noires et le corps tout entier qui palpite. le sang tambourine à l'intérieur, les nerfs vibrent, la peau quémande les caresses (la brûlure, la morsure, les griffes sales). elle n'est pas belle, elle a les yeux du naufrage et le corps de la sirène - mensonges. elle suinte au milieu de la foule, elle lève les yeux au ciel, elle espère les étoiles et rencontre son propre reflet. déception. il n'y a rien de voir. rien de plus que les mains qui se tordent sur la cigarette qui embrase la bouche, la gorge, les poumons. mais la poupée sourit - sourire carnassier, dents blanches, langue gourmande qui s'enroule même autour du filtre.
en face, l'homme attrape sa taille. jules ne se dégage pas. liquide - ou presque - elle imprime les mouvements aux corps qui se serrent, ondule, se tord, comme pour mieux offrir son cou et son épaule, comme pour mieux se donner, plus vite, plus grand. jules spectre parmi les vivants mais jules qui fait semblant.

(elle l'a vu, tout à l'heure.
elle a vu l'homme étoile,
le corps qui brille, les gestes immenses, le regard tempête.
elle n'y a pas cru, les premières secondes,
persuadée d'assister à un mirage,
une invention de l'esprit.
elle l'a vu et elle l'a trouvé moche - parce que margot n'a pas besoin de l'or, parce que margot scintille sans peinture, parce que margot ne dansait plus : il mentait.
comme elle.
pourtant,
elle a été incapable de détacher le regard du spectacle.
comme les autres.
exactement comme tous les autres,
charmée malgré elle,
sensible à la beauté pure de l'instant,
les frissons à même l'âme
- et les souvenirs, et les silences, et les orages.
tout.
le tonnerre qui vient encore gronder dans son crâne,
et la cage thoracique qui se souvient de la légèreté de quelques pas de danse.)

alors jules se serre, alors jules sourit. jules ment avec passion. elle a oublié le prénom de l'homme qui lui fait face, elle ne sait plus pourquoi elle se force à avoir envie de lui - sûrement pour exister, sûrement pour faire taire les souvenirs.
elle est perdue,
elle est personne,
et la voix
connue
reconnue
vient brûler la peau.
dans le crâne de jules, ça disjoncte un instant -
pourtant le corps ondule encore, dirigé par le ventre seulement, oublié du cerveau.
elle se retourne, tente de planter son regard dans celui de margot mais échoue sur une clavicule
dorée
comme le reste
impossible de remonter vers le visage.
margot
tout d'or vêtu
mais
margot
acide
à nouveau.
- je danse.
mots dégueulés, mensonge craché. rictus sur les lèvres nues, ventre qui se tord.
- t'es vraiment en train de me surveiller ? t'as rien de mieux à faire ?
pas le temps de respirer, laisser sortir tous les mots, tous, d'un coup. jules ne réfléchit pas, l'encéphale qui cherche encore à comprendre.
- va donc saluer tes admirateurs, tu fais ça si bien.
elle s'approche et ajoute,
- et laisse-moi dompter les miens.
les yeux brillent
moins que margot
toujours moins que margot
lumière vers qui les regards convergent
étoile d'une nuit.

je voulais simplement sombrer,
or, je t'ai vu.

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MessageSujet: Re: or, je t'ai vue - jules   or, je t'ai vue - jules EmptySam 30 Juin - 21:40


or, je t'ai vue
paumes dorées → combien de carats sur vos doigts? combien de miettes sur le sol? margot esseulé, qu'on vole, on y pioche à la petite cuillère. tout le monde aura sa part. marchand de soleil marchant sur la lune, entre les murs, reflets lunaires. calvaire, sans vraiment lui déplaire. une petite cuillère à déplorer. une main, une claque. elle pioche pas. elle veut pas sa part, simplement cracher sur l'or pour le rendre plus terne. vieillir les nuances fragiles, droit dans le mille.
j'ai vu
je t'ai vu
touchée
il coule
touché
sa langue claque

pourtant y en avait milles qui voulait l'entendre murmurer des paroles dorées. y en avait milles qui auraient aimé voir l'or de plus près. mais il trébuche. une deuxième fois. aucune souvenir des brûlures baroques, qui rougissaient sur le parquet.
margot t'es vraiment con
t'as vu tes bras?
t'as vu tes cloques?

trouble de la vision, pourtant il la voit pas en double. elle est nette, aussi nette que la silhouette qui enlace ses hanches.
toujours trop près
toujours trop mal
elle crache, relent acide qui brûle à peine ses mèches brunes. il sent surtout l’embrun d'un rhum brun beaucoup trop sympathique. d'un whisky trop bon ami.
éthanol
pas de bol
elle a plongé
il gronde encore alors qu'elle déblatère. alors qu'elle frôle de trop près la terre.
- t'en racontes des conneries.
efface les mains, rends lui ses reins. laisse pas son éclat faiblir alors qu'il trépasse. un bras une main. pas de mot pour inquiéter le voleur d'étincelle. d'un geste il s'efface. y a plus rien pour l'enlacer, parce que l'homme à trouver d'autres courbes à épouser. mari volage, mari compulsif. jules veuve, troubles de l’affection compulsive.
une main qui se visse sur l'avare du vice.
- ferme-là un peu et suis moi.
l'emmener loin, plus loin que ses propres pluies acides. déchirer les rideaux. dans un recoin argenté où les basses font simplement frémir les murs. là où les langues pourront parler, laissant les corps sur le pallier. et là c'est encore plus fort, c'est encore plus clairs. ça se dessine sur sa clavicule, lumière incendiaire, peau photosensible. extraterrestre à la peau dorée en conversation avec l'oiseau blessé.
il l'a peut-être serrée un peu fort, peut-être qu'on voit la marque vingt-quatre carats sur son bras.
- alors c'est comme ça que tu comptes danser maintenant ? je t'ai pas vue trébucher cette fois, pourtant tu tordais dans tout les sens.
orage
rage
sans or
vague dans le regard qui bouffe les côtes. ouragan bleu ciel qui s'agite dans les iris face à la tempête bancale qui s’essouffle.
une bretelle qui se fait la malle
pas de mal
pour la remettre en place
pour qu'elle garde la face
doigts délicats de l'orage qui frôlent la clavicule
canicule.
- tu lui as demandé de te faire danser à lui aussi?
abrupte, est-ce qu'elle percute? ce soir l'orage s'abat, mais sûrement il prendra une claque. et puis plus rien sûrement elle s'en ira. pour l'instant elle s'adosse à un mur, instigatrice des brûlures.
jules,
rappelle moi la douleur de ton regard
pour que je n'y écorche plus mes yeux.


je voulais sortir,
or je t'ai vue.
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