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 (terminé) FIRST LOVE (margot)

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MessageSujet: (terminé) FIRST LOVE (margot)   (terminé) FIRST LOVE (margot) EmptyVen 8 Juin - 14:53



elle n'a pas applaudi les danseurs. elle les a regardé, elle a dévoré leur épiderme, elle s'est perdue à la simple vision de leurs silhouettes sous la lumière. elle a mordu l'intérieur de ses joues, le goût du sang joue sur le bout de sa langue. elle n'a pas applaudi les danseurs. un volcan s'est réveillé sous sa peau. tellement grand, tellement fort, qu'elle aurait pu en chialer, là, dans la pénombre, comme une enfant.
ce n'est pas la première fois qu'elle vient s'asseoir ici. on l'a invitée, avec un sourire immense, on lui a dit "viens me voir danser", et elle a dit oui, presque à chaque fois, la rage au bord du coeur.
elle aurait aimé se lever,
là,
et rejoindre la lumière.
elle aurait tout donné pour pouvoir esquisser quelques pas sur le parquet, pour mourir dans la douceur des applaudissements, pour revivre le temps de perdre son souffle.
elle est restée assise, bien sûr. elle n'a pas crié. elle n'est pas partie. hypnotisée par ce qui ne lui appartiendra plus jamais, soufflée par la grâce, la douceur et le talent, anéantie par la douleur, elle est restée.

et maintenant, elle sait qu'il l'attend.
d'abord, elle est sortie, elle a goûté l'air doux de la nuit, elle a fumé plusieurs cigarettes, elle a tenté de dompter sa respiration hésitante. elle a écouté la peur grogner au fond de son ventre. elle aurait aimé la dégueuler, cette trouille à la con, ce vertige immense. avant ce soir, jules n'a jamais eu peur de danser. les jours où son corps était épuisé, elle laissait faire la mécanique interne qui lui dictait comment placer ses pieds, ses bras, comment tourner, comment voler. mais jamais elle n'avait eu peur.
la peur, c'était pour les autres.
les pas sûrs d'eux.
ceux qui ne réussiraient jamais.
elle.
la peur, c'est pour elle.
elle hésite à fuir. elle pourrait toujours inventer une excuse, dire qu'elle était malade, lui gueuler qu'il est trop con, disparaître simplement. mais au milieu de la peur brûle encore la flamme.
danser,
c'est comme adresser une prière au ciel.
danser,
c'est refuser de mourir tout à fait.
et mourir, ce n'est pas pour jules. pas encore. pas comme ça.

comme promis, il est là. il l'attend. le visage fatigué, le corps encore tendu. elle le regarde à peine mais elle le rejoint. silencieuse.
sous ses pas, le parquet craque. c'est un bruit presque imperceptible, c'est une sensation minuscule que jules connaît trop bien.
elle ferme les yeux
une seconde
et elle tremble
tout doucement
putain
tout doucement.
elle retire ses chaussures, laisse ses pieds nus embrasser le sol. et elle se souvient. qu'elle n'est pas seule. que l'autre est là. qu'il l'observe peut-être.
- bonsoir.
sans un sourire. elle devrait sûrement le remercier. elle devrait peut-être le féliciter. lui avouer qu'elle n'a pu détacher son regard de sa silhouette, lui confier qu'il était beau et qu'elle a entendu un homme prononcé son nom avec enthousiasme.
mais elle en est incapable.


Dernière édition par Jules Peony le Lun 18 Juin - 16:18, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: (terminé) FIRST LOVE (margot)   (terminé) FIRST LOVE (margot) EmptyVen 8 Juin - 18:34


first love
couleur menthe à l'eau → il s'arrête sur elle et il ne voit qu'une bougie éteinte, soufflée par l'onde de choc. il ne voit que ses yeux rougis. elle semble pleurer à chaque instant de la nuit. il lui avait presque arraché ses larmes. ce soir il les lui rend, dans un écrin fin, paré de rideaux pourpres, bordé d'une salle d'une vide beauté. il est pourtant ouragan, il sent les tempêtes brûlantes se déchaîner dans ses jambes cambrées d'efforts. il sent cette interlude nocturne lui bleuir le creux des yeux.
il se savait observé. il la savait attentive, et c'est sûrement pour cela que ça brûle encore plus fort. quand il sait les yeux proches son corps, quand il voit les mines interloquées, margot les achève. vole leur souffle.
il pourrait déchaîner un typhon.
il pourrait les faire courir
à leur perte
à leur extase
mais sagement il attend l'oiseau blessé. colombe ou corbeau, il attend de voir. il avait imaginé devenir fou. il avait imaginé renoncer, garder, avare, le parquet pour lui. pour répéter, sans attendre. sans prétendre à jouer le bon samaritain. non il attend.
il n'espère rien
pas dupe
pas sûr
les bougies éteintes
n'ont rien à promettre
rien à révéler
et pourtant, enfant de la nuit, il fixe le cierge qui se dessine au loin. comme un bon croyant attendant qu'on exhausse les prières. pas les siennes, certes, mais des prières quand même.
l'objet de sa présence s'avance, savamment. se déchausse. et il regarde, intercepte chaque image. maître des lieux il a tous les droits, pourtant il est l'agneau qui laisse entrer le loup dans la bergerie.
margot il semble tombé du ciel, il vole l'espace en son milieu, droit et studieux il attend l'offrande d'un salut. il est roi et elle lui fait mentir le contraire.
- bonsoir jules.
il avait caché dans son dos le cadeau rosée, que les petites filles s'arrachent. il avait caché dans son dos sûrement la terreur des pieds de son invité. et pourtant ils les tends, ces pointes faites de satins nacrés. elles sont intactes, vierges de toutes prestations. simplement là pour rendre sa silhouette plus belle, pour faire souffrir encore un peu sa cheville. pour faire vriller un peu ses yeux à lui.
- je compte bien te réconcilier avec ces dames.
et pour la première fois depuis la tombée du jour, margot sourit, tentant de le faire miroiter sur le visage de la colombe.
une main et deux ballerines
une malade et un sourire
une scène et quatre pieds
ils danseront
elle guérira
il a prié
en secret
il a promis aux rideaux
ils seront témoins
qu'elle le sache
ou qu'elle l'ignore
elle est maintenant la pierre brute
qu'il entreprend de faire briller.


Dernière édition par Margot Cusher le Mar 12 Juin - 18:26, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: (terminé) FIRST LOVE (margot)   (terminé) FIRST LOVE (margot) EmptyDim 10 Juin - 15:37



il a le regard presque doux. il a la voix qui caresse, lui qui usait si bien des mots acides, de ceux qui retournent l'estomac et qui brûlent les yeux. margot semble avoir retiré son costume de rose aux mille épines mais jules préfère l'ignorer. l'animal sauvage en elle gronde, bien conscient qu'elle ne contrôle rien, qu'elle lui a laissé les rênes, que la scène ne sera plus jamais à elle - il lui a bien fait comprendre, le danseur, l'arrogant, le beau, qu'elle n'avait plus sa place ici.
et s'il lui laisse le temps de rêver
elle sait que ce n'est qu'une parenthèse
un cadeau de la future étoile à la simple terrienne.
elle baisse les yeux sur ses mains pleines, du regard elle embrasse l'offrande pastel, le graal inespéré, son costume préféré. les bras ballants, elle vacille, laisse le feu la dévorer et lui monter aux joues. silence dans la salle déserté. silence sur le parquet mille fois foulé. silence partout sauf à l'intérieur où tout se bouscule, où tout tempête, où le monde s'écroule. silence entre les deux fleurs qui rêvent de firmament.
elle sait, jules, que margot lui offre la liberté et la peine de mort dans un unique geste, qu'il devient héros et bourreau en un instant, que d'une main il balaie le passé et détruit le futur. elle sait, jules, qu'une fois les pointes enfilées, elle perdra toute la fausse assurance, le déguisement et la fierté.
c'est pour ça.
pour ça qu'elle retire sa robe sous ses yeux à lui
en silence
sans cérémonie
sans mise en scène
sans musique.
parce qu'il sait sûrement, lui aussi, que la peau nue n'est rien sous la lumière crue. que la véritable mise à nue, c'est celle de son âme, abîmée, qu'elle lui confie, accord tacite, en enfilant le justaucorps rosé. que c'est en revêtant ses rêves d'hier qu'elle se fout à poil, entièrement, qu'elle lui fait don de sa faiblesse, de ses doutes et de sa petitesse.
elle lève les yeux vers lui
prête à lui cracher à la gueule
ou à lui sauter au cou.
- merci, margot.
la voix, sèche, semble avoir survécu à mille ouragans avant de venir mourir sur les lèvres de jules, en un souffle presque envolé.
- commençons, si tu veux bien. on peut avoir de la musique ?
elle rêve de lui crier qu'elle ne sait plus par où débuter, qu'elle a peur d'entendre sa vie se briser une nouvelle fois dans un bruit de grelots, qu'elle voudrait qu'il se barre, loin, pour la laisser s'effondrer seule, qu'il ne sera jamais son sauveur, que personne ne la sauvera jamais. mais elle se souvient des leçons de l'enfance et sait que, sur scène, il est interdit de faillir. elle se doit d'être parfaite. et s'il lui faut hurler, il lui faudra redevenir simple spectatrice. alors, elle se contente de quelques mots amers, qu'elle déguste comme une friandise interdite.
- c'est pour sauver ton âme que tu joues au prince ?
margot devrait savoir : le diamant ne brillera plus jamais.
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MessageSujet: Re: (terminé) FIRST LOVE (margot)   (terminé) FIRST LOVE (margot) EmptyMer 13 Juin - 19:09


first love
et chopin pleurt avec vous → âpre, jules elle a le goût d'une colère. le goût amer d'une vie rêvée. simplement imaginée. pourtant elle se fond dans des larmes que la réalité sait faire couler. elle est torrent invincible. elle en devient presque forte, presque rodée pour cette vie à contre sens. il ne s'était pourtant jamais adouci pour une tornade, pas même pour une brise légère. alors jules fait exception. elle fait l'étincelle qui allume les poudres. avare de beauté brillante, elle a un peu trop résonné dans ses rétines à lui. sans raisons, sans frissons apparent.
désir de sauvetage,
appel à la noyade?
il s'attache la pierre autour du pied
jules tu as fait de lui un prisonnier
tu lui voles une cheville
tu lui voles un peu de sa lumière
pour réchauffer tes yeux trop remplis d'ombres.
pourquoi tu la regardes maintenant qu'elle ne danse plus?
pourquoi pas avant?
pourquoi pas quand elle faisait partie des tiens?
ça ne te ressemble pas,
tu divagues margot.

présent sacré, offrande d'un dieu aux mortels. elle les enfile et ce n'est plus jules. et ce n'est plus rien de l'oiseau triste qui pleurait le ciel, qui le trouvait beaucoup trop haut pour son plumage troué. alors margot s’exécute, va chercher la boîte argentée un peu sénile, qui avale les cassettes qu'il enregistre au fin fond de la nuit.
- oh si tu savais, je n'ai rien d'un prince.
couronné d'un halo, il resplendit peut-être quand la salle est pleine. porter en triomphe un instant, il n'aura jamais la couronne. simplement le regard d'un addict des hautes sphères, simplement une silhouette qui fait chavirer les foules.
- c'est pour te faire encore un peu plus mal que tu viens me voir danser le soir?
puis il se tait
langue acide
remarque véridique
puis tout résonne,
le silence et la douceur
l’œuvre magistrale
ou simplement un pleur
un piano mélancolique
qui gémit dans la salle vide.
chopin, tu les enveloppes. et les corps s'étirent. tu connais bien l'homme qui se cambre, mais connais-tu la demoiselle au pied blessé? sauras-tu la faire danser, sur tes notes de tristesse?
seconde,
première,
lumière
basiques enjambements
il vole
margot quitte le sol
elle n'est plus là
il l'oublie
car chopin est un amant possessif
rechauffe tes ailes
volatile,
réchauffe tes plumes
oiseau de nuit,
tu sens ton échine
dessiner la courbe d'un soleil
qui plonge dans l'eau?

puis son regard divague, s'échouent sur le corps fragile de son hôte. mais ça bute dans ses yeux, échange silencieux.
qui a attrapé les yeux de l'autre en premier? puis ça bute dans vos corps, chopin continue, mais le danseur s'arrête. même s'il devine sa blessure, il la voit comme hier. il la voit comme si rien ne lui avait enlevé sa beauté lyrique. il voit ses regrets. c'est sûrement ça qui le frappe. qui l'arrête en plein vol.
pour la première fois il comprend sa douleur,
pour la première fois il croit à ses larmes.
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MessageSujet: Re: (terminé) FIRST LOVE (margot)   (terminé) FIRST LOVE (margot) EmptyMer 13 Juin - 21:01


margot pique et jules se tait. rictus sur son visage d'enfant - monsieur sait toujours viser, la flèche atteint l'ego et s'y loge, presque tendrement. elle a l'habitude de ses mots qui tranchent mais ce soir elle n'est pas sûre d'avoir le courage de répondre.
la musique s'allume et les notes s'envolent, mélancoliques et légères dans l'air lourd. et elle voudrait le suivre,
vraiment,
elle voudrait,
comme lui,
s’envoler,
devenir étoile
et ne plus jamais trembler.
elle le regarde. elle ne peut faire autrement. il attrape ses iris et refuse de les lâcher.
tout danse,
le piano,
la scène,
les spectateurs invisibles,
fantômes d’une heure perdue,
tout danse,
promis juré,
tout sauf jules,
qui reste là.
tout s’écroule dedans. tout fout le camps. c’est pire qu’une tempête. c’est un bouleversement. tout tonne. et ça n’a rien à voir avec tout à l’heure, rien.
parce que jules est là,
debout,
parce que jules est sur scène,
parce qu’elle n’a pas à se lever,
elle n’a pas à crier,
elle pourrait le suivre,
lui emprunter ses ailes,
suivre son élan,
se laisser porter
par les mouvements fluides
et la mine concentrée
emportée
rongée par la passion brûlante d’un amour sans fin
du danseur aux jambes agiles.
jules se sent poupée d’une boîte à musique brisée. impossible pour elle de tourner. le costume est là, la scène est là, la musique est là, mais le mécanisme est rouillée et la poupée s’écroule, à l’intérieur d’elle-même, elle se recroqueville, minuscule.
animal blessé.
elle laisse les pupilles de margot l’attraper à nouveau, elle laisse le feu qui le consume la brûler, juste un peu. plus rien ne tourne rond, même le monde tangue. elle ouvre la bouche, jules, mais sa langue reste collée au palais, les mots sont une boue infâme qui colle entre les dents et refuse de sortir.
elle sourit à margot. sourire vrai. la bouche tremble, les yeux brillent.
la musique, toujours, qui résonne.
elle est là, droite.
il est là, inspiration sans expiration,
comme stoppé en plein mouvement.
piano.
elle lance sa jambe droite, tout doucement,
porte son poids sur la pointe tendue.
elle est gracieuse, jules.
elle ne respire pas.
jambe gauche en avant.
le genou craque, plainte languissante, et puis la cheville cède et le corps s’écroule tout entier sur le parquet usé.
elle est à ses pieds,
jules,
suppliante presque,
le regard levé au ciel,
margot tu ne me sauveras pas, margot, personne ne peut réparer les ailes, même pas toi, tu ne peux pas me construire une cheville, margot, tu ne peux pas ouvrir la peau pour réparer les os, essaye, magot, essaye, regarde comme c’est moche, dedans, regarde comme ça pue à l’intérieur,
elle n’a plus la force d’essayer, jules, elle attrape le mollet de margot, de ses doigts fins et blanc, et elle le serre très fort, elle voudrait laisser la trace de sa main, là, la trace rouge puis bleue de ses mains pour que, toujours, une part d’elle danse toujours avec lui,
toujours.
ses doigts redeviennent caresses,
animal blessé.
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MessageSujet: Re: (terminé) FIRST LOVE (margot)   (terminé) FIRST LOVE (margot) EmptyMer 13 Juin - 21:54


first love
et chopin pleurt avec vous → arrêt sur image. ils ont bien l'air con, ces deux danseurs. ils ont bien l'air triste, ces deux penseurs. margot, il voulait créer le mouvement, redonner vie à un corps qui avait abandonné la scène. il voulait plonger plus loin, en oubliant ses poumons, en oubliant qu'un jour il faudra respirer. retrouver la surface, où les pécheurs annonceront les dures vérités.
tu es égoïste.
elle est brisée.
supplice aux boucles brunes, tu voulais transcender ses barrières, transcender sa douleur par un éclat de génie. un éclat de connerie. pur narcissisme. pur folie. tu joues à quoi margot? il la voit sourire. il la voit battre des ailes. elle a le corps si fin, les jambes si frêles. espoir factice, espoir sublime.
et sûrement tu as un peu peur de son silence.
sûrement tu devrais apprendre à te taire.

c'est beau
c'est éternel
elle offre le spectacle
de sa vie d'antan
d'une vie qu'il aurait pu connaître
d'une vie qu'il à frôlé.
mais c'est le fracas qui le ramène au sol. c'est la voir faillir si proche de ses désirs qui lui cloue les pieds sur terre. comme si la chaîne n'était pas assez lourde, comme si sa cheville ne saignait pas déjà, jules elle lui vole encore un bout de son corps. il aurait dû frémir, il aurait dû bouger, tenter de rattraper les morceaux qui s'échappent.
immobile,
il contemple
parce qu'il sait
parce qu'il s'en doutait
il pensait que si lui pouvait défier les étoiles et les règles
elle le pourrait aussi
sauf que vous n'est pas les mêmes
vous n'habitez pas sur la même planète
elle est la rose sous la cloche de verre
condamner à soupçonner un semblant de rêve
espérer un prince en avion qui viendra soulever sa cage de verre.
tu la vois qui s’effondre
mais t'es foutrement con
t'aurais dû rien dire
continuer tes phrases assassines
la repousser loin
pour ne pas voir cette tristesse
tu n'y es pour rien
mais c'est comme si toi aussi tu sombrais.

figure de dramaturge, elle gît à ses pieds. princesse maudite, héros qui faillit sous le sort. il la rejoint sur terre.
c'est dur de voir ses yeux
c'est dur de la regarder
il délivre sa main, lui trouve une autre attache
sa main à lui, plus grande
moins brusque que sa jambes impassible
plus vivante sûrement
que ces piliers invincibles
tu entoures son visage
comme si sentir un peu de sa chaleur
te rassurais de l'état de sa peine
tu entoures ses deux joues
qui deviendront canaux inondés
de larmes océanes.
tu voudrais tout guérir
bander sa cheville
sécher son regard
et recoudre sa poitrine.
mais tu es simplement-là
accroupi à ses pieds
contemplant ses iris
qui fracassent d'un seul coup les tiennes.


Dernière édition par Margot Cusher le Jeu 14 Juin - 23:16, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: (terminé) FIRST LOVE (margot)   (terminé) FIRST LOVE (margot) EmptyMer 13 Juin - 22:32


une main sur ses doigts. ce n'est pas du dégoût, c'est un radeau sur l'océan déchainé. ô margot, ne viens pas faire danser tes cheveux de jais dans le vent du minuscule ouragan, ne t'approche pas comme ça, margot, ne lui tends pas la main ou elle risque de la prendre, d'y planter ses épines tranchantes, et c'est son âme que tu déchireras au prochain sourire suffisant, à la prochaine moue hautaine.
la chaleur
sèche
qui passe
des doigts de margot
aux joues
moites
de jules,
ça ressemble une brûlure,
énième brûlure,
brûlure de trop.
elle le regarde,
jules,
craintive,
à terre,
animaux blessés
d'une douleur qu'il ne peut ressentir
mais qu'elle lui offre
comme un secret qu'il ne voudrait répéter à personne.
si elle ne marque pas la peau de margot, elle refuse de fléchir sous son épiderme - parce que l'épiderme ne veut rien dire, parce que l'épiderme est un mensonge, parce que la seule vérité réside dans les pointes de margot qui heurtent le parquet sans un bruit (frisson de neige rouge sang sur un paysage déjà blanc).
peau à peau
souffle à souffle
c'est trop
trop près
trop loin
des rêves.
alors elle se dégage, la danseuse brisée, elle fuit, parce qu'il n'y a plus que ça qu'elle ne puisse encore faire sur scène. fuir. la rage recommence à bouillonner dedans.
jules est une tempête
et margot se dépose là
comme le brouillard
délicat
enveloppant
aux milles formes
aux milles pieds
aux milles mains
délicieux mystère
- tout devient flou -
merci margot
bravo margot.
elle se relève et quitte le parquet, se faufile au premier rang, la patte qui traîne, la poitrine qui se serre, les sourcils froncés, le regard noir.
elle le regarde.
là,
minuscule,
elle a le droit
de crier
de frapper l'air de ses cils qui battent trop vite,
elle voudrait faire tomber l'étoile
plus bas
encore plus bas -
parce qu'il est trop beau, margot, pour être sensible aussi.
- putain mais à quoi tu joues margot ?! tu trouves ça drôle ? tu as eu ce que tu voulais, tu m'as vue tomber. t'es content ? tu sais que c'est toi le plus fort, maintenant ? tu sais que c'est toi le plus beau ? tu sais que c'est toujours toi qu'on applaudira et plus jamais moi ? t'es rassuré ?
elle gueule, jules, à deux doigts de la noyade. elle gueule pour ne pas s'offrir, elle gueule pour se protéger. elle vomit les mots qu'elle ne pense pas, elle crache l'amer qui la dévore.
elle voudrait le frapper,
lui,
enfoncer les ongles dans la peau
déchirer les muscles saillants
arracher les nerfs pour que le pantin s'écroule enfin
pour qu'il ne reste plus que coeur
tempête
où elle pourrait planter les dents.
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MessageSujet: Re: (terminé) FIRST LOVE (margot)   (terminé) FIRST LOVE (margot) EmptyMer 13 Juin - 23:05


first love
et chopin pleurt avec vous → c'est brûlant. fille incendiaire. elle dévore l'astre stellaire. elle lui bouffe le regard, elle lui arrache la flamme aux fonds de ses yeux. colère furieuse qui absorbe leurs souffles.
est-ce que tu respires?
est-ce que tu supportes la charge?

il la sent partir
il la sent faillir
alors que ses doigts agiles encadrent encore ses pommettes
est-ce qu'il avait le droit
de prétendre à sa rédemption, à sa guérison hypothétique?
séisme
fracas
elle se délivre
de l'insupportable
du danseur ambitieux
trop rêveur
trop idéal
et encore une fois il se fige
trop lent
trop sensible à ses furies déchaînées
il l'observe s’échapper
il l'observe glisser loin de son navire
et elle gronde comme l'orage
elle hurle sa douleur
de le voir briller dans ses yeux
mais il n'écoute plus,
il n'a sans doute jamais écouté les tirades tragiques
il fend la mer
fend la foule imaginée
jules, je suis un idiot
jules, je n'aurais dû rien dire
j'aurais dû me taire, t'ignorer.

simplement la laisser te regarder le soir, quand les rideaux vous tenaient encore à vos places. quand vous étiez encore séparés par les planches.
il pourrait lui aussi réveiller ses tempêtes
rallumer l'incendie écarlate
il pourrait
mais c'est déjà fait
- mais quand est-ce que t'arrêtera de déverser ta colère? quand est-ce que tu te feras à l'idée que y a peut-être moyen de faire quelque chose? non, ça sera pas aussi grand que ce que t'avais prévu. non, ça sera pas aussi joli. bordel, tu préfères vraiment pleurer toute ta vie?
tu regrettes
tu es con
tu dis pourtant la vérité
mais tu parles fort
mais tu vois son visage
celui qui sait
qui sait que l'étoile dit vrai.

- jules, assieds-toi s'il te plaît.
ça frappe de douceur
il est malade sûrement lui aussi
malade de cette danseuse déchue
symptôme terrible
il appuis ses paroles
calme l'oiseau d'une main qui retrouve une épaule tremblante
il ne sait plus quoi faire
plus quoi dire
alors il se tait pour la première fois
il attend certainement la claque qui fera rougir son visage.
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MessageSujet: Re: (terminé) FIRST LOVE (margot)   (terminé) FIRST LOVE (margot) EmptyMer 13 Juin - 23:58


elle respire à l'envers, elle respire de travers, où est son souffle, comment peut-on inspirer sans suffoquer et expirer sans se vider entièrement, comment font les autres pour survivre aux tempêtes, jules n'a jamais su, jules ne sera jamais dompteuse de tempête, jules subit et fait subir, jules perd son souffle, jules vole l'instant et tout explose en mille morceaux de cristal qui viennent rebondir contre les murs et les peaux.
respirer.
margot n'aide pas,
tout en boucles,
tout en épiderme,
tout en regard.
margot fruit acide, margot grenade silencieuse. jules reçoit les coups, n'évite rien, les rêves à nus, la peau rosée dans son costume trop grand.
mais plus que les mots saveur pamplemousse,
c'est la peau qui fait frémir jules.
la peau
sur la peau.
court-circuit des nerfs
la tempête gagne l'épiderme
et plus rien n'a de sens
rien -
le monde est à l'envers,
ils ont la tête six pieds sous terre.
elle ne veut pas obéir jules.
elle ne veut pas se plier.
et plus que tout, elle ne veut pas se faire petite,
elle veut rester grande face à lui,
cesser de s'écrouler sans cesse -
tenir tête.
(tu m’étoile filante, tu me volcanique, nous nous pulvérisable)
la femme volcan face à l'homme étoile
comme un poème
que personne
ne pourra
jamais
écrire.
elle ne se dégage pas, capte le rythme de la main douce sur l'épaule tendue.
inspiration, expiration.
la place de margot est sur scène, pour faire tourner les têtes et trembler les cœurs, pour faire mourir les foules et les réanimer d'une pirouette agile assez répétée pour qu'on la pense improvisée. la place de margot est partout sauf là.
inspiration, expiration.
la musique se tait et le silence s'étire. que pourraient-ils dire ? que pourraient-ils faire ? en rire, peut-être, mais le rire est un exercice trop périlleux et le ventre de jules n'est pas prêt à le faire naître. pleurer ne serait pas assez, se taire est bien trop.
nouvelle mélodie au piano.
inspiration, expiration.
jules se brûle au soleil froid de margot, les yeux dans les yeux, remplir la peine de l'autre, vases communiquant qu'un rien pourrait faire déborder,
ils sont tout sauf statue de pierre,
les masques tombent,
le mythe s'effondre,
pourtant, les rideaux ne sont pas clos
et personne n'est pas là pour applaudir le massacre.
elle est contente de ne plus être sur scène, jules, et au fond d'elle, les mots de margot prennent leurs aises. danser comment ? danser pourquoi ? danser pour qui ?
(danser pour faire taire l'orage dans le crâne.)
finalement, elle pose ses doigts sur le poignet de margot, et chuchote, comme heureuse d'avoir trouvé la solution ultime,
- fais-moi tourner, s'il te plaît.
fais-moi voler, fais-moi danser.
et si tu la fais tomber, elle claquera la porte, elle ne reviendra plus jamais, même pour regarder, c'est une promesse qu'elle se crie à elle-même, promis juré ce sera la dernière fois. la toute dernière fois.
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MessageSujet: Re: (terminé) FIRST LOVE (margot)   (terminé) FIRST LOVE (margot) EmptyJeu 14 Juin - 19:43


first love
et chopin pleurt avec vous → deux fois déjà qu'ils arrêtent le monde. deux fois qu'il n'y a pas de vocabulaire, pour arranger la misère. deux fois qu'il regrette. trop de fois qu'il regrette.
qu'est-ce qu'il fait dans la salle? que fait-il entre les sièges? si vite descendu du ciel, et pour qui? pour une simple brisure? pour avoir cru au miracle. c'est si facile d'arracher une étoile.
il la maudit
il la déteste
de lui avoir montrer la dureté du sol
d'avoir effeuillé ses plumes au rythme du piano
et pourtant il descend
chute libre
gravité qui maintenant s'applique à son corps
pour aller s'écraser sur ce fragment d'astre
elle brûle plus fort que toi margot
tu vois les marques qu'elle te fait
c'est pas joli
indélébile
tu vas en chier pour effacer ça.

est-ce qu'il prendra fin ce regard infini
est-ce que vous réussirez à tout dire juste avec ça?

fais la danser


offrande encore
cette fois c'est lui tout entier
qui met un genou à terre
qui offre son corps
qui offre ses plumes
pour emmener l'infirme danseuse
se réchauffer près du soleil.
dieu qu'elle est frêle
quand finalement il l'enveloppe de ses bras
dieu qu'elle est légère
quand finalement il la berce doucement
trois temps
un pour le souffle
un pour les pas
un pour les yeux
qui valsent
qui savent pas atterrir
qui dessine un peu ses cheveux
mais sûrement pas ses yeux.
il pourrait lui briser milles côtes
simplement pour alléger son pied
pour alléger sa douleur ancienne
elle vole un instant
par ce qu'entre ses mains elle ne touchera plus jamais terre,
parce que si elle descend encore trop bas
il s'en voudra
et elle en pleurera.

alors tu danses

tu la retiens
tu la détiens un instant
tu sens comme elle a peur
tu sens comme elle suffoque

plus rien ne résonne
plus rien pour rythmer cette valse infirme
au milieu des sièges vides
ils sont perdus dans l’œil du cyclone
ça valse et ça fout le quand
ça s'en fout et c'est tremblant
tout pourrait brûler, ça serait plus simple
oublier
incendier
cendres témoins
de deux danseurs
qui s'étaient ratés d'un temps
d'un pas
finalement il sent un infime mouvement
un souffle
il sent son dos frémir sous ses mains
sûrement a-t-elle atteint la surface
sûrement elle aspire l'air la tête entre les vagues
peut-être qu'au contraire elle étouffe
peut-être que tu la noies au milieu de tes bras.
iris,
elles fleurissent un instant entre leurs yeux
entre leurs visages silencieux,
tu vois jules, tu vois comme c'est beau la terre vue de loin?
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MessageSujet: Re: (terminé) FIRST LOVE (margot)   (terminé) FIRST LOVE (margot) EmptyVen 15 Juin - 18:38



jules a l'habitude des caprices,
jules a l'habitude des colères.
jules a l'habitude qu'on cède.
ce n'est pas le masque de l'enfant trop gâté qu'elle porte ce soir. face à margot, la mise à nu est sévère, presque violente. indispensable. parce qu'elle a dansé, déjà, depuis la jambe qui tremble. elle a ondulé pour des hommes aux mains larges, pour des filles aux sourires tristes. elle a fait semblant, elle a souri, elle a mimé les ailes qui battent le vent, le ciel qui s'ouvre pour elle seulement, les soupirs du corps qui se meut, l'allégresse d'une envolée qui ressemble à une chute. mais margot n'est pas dupe, puisque margot sait danser - vraiment danser - ressentir - voler.
elle se refuse à danser de travers,
valser à l'envers,
devant lui -
elle préfère encore tomber,
elle préfère encore le sang,
tout plutôt que faire semblant,
pour qu'entre eux la danse reste la seule vérité
vraie
elle se refuse à mentir.
et quand il la soulève, tout doucement, quand il l'enlève, quand il l'envole, ce n'est pas un mensonge, c'est une vérité partagée, un secret qu'ils ne pourraient répéter puisqu'il n'existe pas de mot pour ces choses-là,
comment pourrait-on raconter le vol sauvage de deux oiseaux migrateurs qui ne savent plus où mourir,
comment pourrait-on raconter le conte du volatile à quatre ailes et à deux souffles, l'un qui inspire, l'autre qui expire,
comment pourrait-on raconter la bougie qui s'éteint pour se rallumer plus grand, la rose que l'on cueille pour lui redonner vie -
et s'il y avait des mots pour cette histoire là, alors les gens ne se lasseraient jamais de la raconter. s'ils la connaissaient. ils ne s'en lasseraient jamais. chacun à sa manière, mais tous ils continueraient à raconter l'histoire de ces deux-là*.
mais les mots n'existent pas, et la magie prend le pas sur le vocabulaire trop pauvre.
jules,
vivante,
danse.
jules,
vivante,
inspire,
seulement,
pour ne rien perdre
de l'instant sacré.
elle voudrait sentir les muscles de margot,
elle voudrait sentir son coeur
et ses os,
comment elle ressentait son corps
quand il était encore beau.
l'instant est suspendu
poème dans le silence de la salle
oeuvre tremblante mais magistrale
tragédie sans larmes
noyade trop longtemps désirée, comme si les vagues contenaient la vie, comme si margot était l'océan,
elle danse sur l'océan,
jules.
et quand, enfin, elle expire, elle sent sa colonne vertébrale toute entière se briser - c'est comme une fissure, qui naît dans la nuque, c'est comme un séisme, qui gagne chaque vertèbre, les unes après les autres, c'est comme une tempête, de celles qui balaient tout dans le crâne de jules.
le visage enfoui dans l'écume brume du danseur magicien, la pivoine refuse de s'abandonner tout à fait et son corps se tend à nouveau, le moindre nerf est douloureux, le corps tout entier grésille doucement,
toute petite mort,
elle regarde margot là où ça brûle
pupilles prêtes à avaler le monde entier
pupilles prêtes à l'avaler, lui, tout entier
pour ne jamais le recracher,
pour danser toujours comme il danse
et s'accorder le droit de trembler seulement une fois le rideau tombé.
elle pourrait l'embrasser, l'homme océan, l'embrasser pour unir leurs souffles seulement, sûrement pas pour la valse des langues, le conte du volatile à quatre ailes et à un seul souffle,
elle pourrait l'embrasser pour un baiser-merci, un baiser-tu-es-beau, un baiser où chuchoter tout ce qui ne se dit pas, tout un monde tu entre les lippes.
soupir.
le silence s'éternise.
tout doucement, la danseuse de boîte à musique retrouve la terre ferme,
élastique prêt à lâcher
animal aux aguets prêt à bondir.
elle fouille la salle du regard
- rompt enfin le contact -
cherche les applaudissements, la standing-ovation,
mais rien,
(avide du regard des autres, même quand la vérité s'écrit, désireuse de plaire, même à une bourrasque de vent du précipice, éternelle comédienne pour un public absent).
elle ne regarde plus margot, elle l'imagine seulement, elle ne regarde que les sièges vides, désertés. elle ne regarde plus margot parce qu'elle crève d'une peur déraisonné qu'elle ne pourrait lui expliquer, d'un vertige plus grand qu'elle qui la pousserait à regarder un peu plus le vide. elle ne le regarde pas, mais elle chuchote, pour ne pas froisser l'air,
- merci margot.
sa voix sonne faux, ses dents arrachent l'intérieur des joues goût sang.
merci margot pour quoi ?
pour le poignard planté sous l'épiderme
pour la douleur
pour le feu
merci margot pour le feu ?
elle pourrait l'embrasser, l'homme océan, tout doucement, prendre le temps de fermer les yeux une seconde. ce serait logique, non, d'embrasser le prince qui fait danser, le preux chevalier qui sauve du dragon immense. c'est peut-être ça que le public attend, le baiser d'avant la mort.
mais jules reste immobile,
les pupilles plantées de l'autre côté.

* extrait de océan mer, d'alessandro baricco
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MessageSujet: Re: (terminé) FIRST LOVE (margot)   (terminé) FIRST LOVE (margot) EmptyLun 18 Juin - 13:52


first love
et chopin pleurt avec vous → est-ce que t'es encore là? est-ce que c'est encore toi? t'es vraiment sûr d'être cette paire de bras qui recouvre la tempête?
les rideaux qui se déchirent, ça saigne en pourpre et doré. ça colore le parquet d’innommables pensées, d’innommables regrets. mais ils en sont loin, des longs pends de tissus étouffants. des longs temps décousus du duo infernal, de la brisure centrale.
ils sont à milles lieux
pas de deux
ils sont à des kilomètres de toutes terres
de leur parterre
de fleurs applaudissant de beauté
de la mer et de ses yeux bleutés.
margot il a fait subir à son corps la pression du ciel, le poids lourd de la voûte stellaire, si bien qu'il a oublié d'apprécier celui des autres. oublié le contact des peaux, oublié que ça se bagarre aussi sous la poitrine des autres.
extraordinaire
extraterrestre
c'est si dur d'approcher le reflet d'un semblable?
tu es si faible
que tu t'en éloignes
de cette chaleur
qui n'est pas tienne

et pourtant il la sert, l'étreint des milles façons sans bouger un seul doigt. l'étreint en pensée, d'un voile, d'une voie lactée qui raconte les vérités indicibles. les pensées fantastiques.
qu'à elle fait?
l'a-t-il senti
la balle,
s'enfoncer doucement sous sa peau
prudente violence
elle avance
se loge et voltige
pas loin de la carotide
est-ce qu'il a senti l'impact
le doigt sur le déclencheur
qui engendra la fureur de leurs yeux érudits de sentiments brouillards
de sentiments fumeux
de sentiments mouvements
danse, rappelle-toi
danse, souviens-toi
ne regarde pas
non, ne regarde pas encore
elle pleure toujours
et ses torrents sont invincibles
infinis de tristesses
garçon océan,
saurais-tu survivre à une noyade?
saurais-tu remonter entre les vagues?

contre son cœur il les entend se briser sur la grève
il les entend gronder en couleurs
ça divague contre leurs joues
se mêlent les courants bruns de cheveux sauvages
instables dans la douleur

et soudain il la perd

d'abord son dos qui se brise sous ses doigts
et sa main qui lui taille la paume
lui dessine milles peines
sans peine
en un souffle
elle s'échappe
en un souffle
il se perd
est-ce que tu sens la brûlure qu'elle t'inflige
dangereux
regard doucereux
il voudrait brûler encore
n'être que flamme rougeoyante
n'être qu'à la merci
d'une douleur qui n'est pas la sienne
comment s'en défaire
quand on ne sait même pas soi-même
quel chagrin nous peine?

sûrement y a-t-il pensé
à l'embrasser
à embraser le rouge de ses lèvres
qui se pavanent sans honte devant ses yeux
sans doute, il a pensé à courir
plus qu'à l'accaparer elle et son carmin sourire
il a laissé rentrer l'indomptable tempête
dans le temple de sa solitude
erreur
errer seul
sa forge l'habitude de la pièce vide
ça fait redouter les corps trop proches,
ça fait redouter le souffle inconnu qui glisse sur la joue

margot tu brûles
margot éteins moi ça
tu brûles trop fort
tu ne contrôles rien
fuit avant l'incendie irrattrapable
margot c'est pas le chemin des étoiles
tu t'es perdu en route

où alors la route a changé


et le virage abrupte te remercie
merci pourquoi?
merci de m'arracher avec les ongles chaque centimètre de peau?
merci pour ce regard qui dissout les couleurs de ses iris?
merci
mais il lâche
comme son regard à elle
peut-être qu'il devrait le rattraper lui forcer à retrouver le chemin de ses yeux
merci mais c'est trop dure de voler quand on a les plumes qui brûlent
alors elle dégringole
alors qu'il aurait pu la serrer encore,
alors qu'il a vu ce fragment d'étoile briller au fond de sa chair
alors qu'il veut
la serrer encore
chute libre
maintenant elle vole avec sursis
juge infernal de ces lieux
il saigne maintenant
et ce n'est pas sa douleur à elle qui s'anime dans la cage
c'est la sienne, celle qu'il vient de rallumer en écartant les bras

- pars, maintenant.
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MessageSujet: Re: (terminé) FIRST LOVE (margot)   (terminé) FIRST LOVE (margot) EmptyLun 18 Juin - 15:43



et les lèvres
ne se retrouvent pas
trop lointaines
trop froides
scellées,
une fleur n'embrasse pas une étoile
margot n'embrassera pas jules,
personne ne mourra sur scène
(ils n'ont plus l'âge pour roméo et juliette).
la voix presque poussiéreuse claque dans l'air comme un coup de tonnerre
- coup de feu à l'opéra
deux ego bousillés
pas de perte importante à déplorer.
jules retrouve doucement ses esprits,
ne pas regarder margot
ne surtout pas regarder margot
regarder le vide
pas margot,
le risque de séisme est trop important,
jules serre les poings,
jules serre les dents,
rester droite,
ne pas tomber une nouvelle fois,
ne pas s'écrouler à nouveau,
ça tourne dans sa tête,
les mots acides,
la magie envolée,
ça tourne dans sa tête,
margot restera margot,
beau et froid,
ça tourne dans sa tête,
la langue agile,
l'ironie facile.
elle lui tourne le dos, retire les pointes avec rage, attrape ses vêtements, ses chaussures,
(oublie les miettes d'elle sur le parquet),
et s'enfuit,
pieds nus.
vacarme.
générique.
point d'exclamation dans les pas qui martèlent le sol.
joues rouges feu,
regard noir nuit.
(elle le savait, jules,
elle le savait qu'elle n'aurait jamais dû venir.)
(pourtant, elle ne retire pas le poignard qui blesse les côtes.)
(pourtant, elle sait qu'elle reviendra, même sans invitation, une nuit, pour faire semblant d'effleurer les étoiles, encore un peu.)
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